Dislocation IV

Dessins, traceur modifié, programme informatique
Dimensions variables
Collection de l’artiste

Cette série présente des plans architecturaux isométriques qui, paradoxalement, figurent non pas des projets de construction mais des structures en ruine. Ces représentations techniques de bâtiments détruits, fragmentés et effondrés adoptent le langage visuel de l’architecture prévisionnelle tout en documentant sa négation.

Le processus de création comporte deux phases distinctes : d’abord, un algorithme génère des modèles de destruction urbaine ; ensuite, ces modèles sont transposés sur papier par la main de l’artiste, elle-même guidée par un traceur modifié qui contrôle mécaniquement ses mouvements. Cette méthode hybride associe la précision computationnelle à l’irrégularité du geste humain contraint.

Les dessins conservent les traces physiques de cette tension : la fatigue musculaire et les micro-variations du trait témoignent d’une corporéité soumise à la machine, créant un parallèle entre le corps instrumentalisé de l’artiste et les structures architecturales désintégrées.

L’œuvre interroge la possibilité même de planifier la destruction, de la soumettre à une rationalité graphique. Elle questionne également les rapports ambigus entre création et destruction, entre autonomie et automatisme. En représentant des ruines à travers le formalisme du projet architectural, l’installation propose une méditation sur l’entropie programmée et sur les illusions de maîtrise qui président à nos entreprises édificatrices.