Completion 1.0

Installation : deux écrans LED, structure modulaire en aluminium, dispositif sonore
300 × 300 × 300 cm
Langages: fr, en, sp, kr, jp, cn
Commande nationale du Centre national des arts plastiques (CNAP) dans le cadre de Photographie 3.0

Extrait des images générées commentées automatiquement
Images en provenance d’Imagenet

Completion 1.0 est une installation qui génère, grâce à une intelligence artificielle, ou réseaux de neurones récursifs, une histoire infinie, alternative et contrefactuelle de la photographie. L’installation est composée de deux écrans LED, d’une structure modulaire en aluminium de 3m3 et d’une source sonore.

Un écran est placé au sol et diffuse l’intégralité d’image-net, un jeu de données de plus de 14 millions d’images. C’est une grande partie du monde connu qui défile pendant 7 ans, une durée qui rend impossible sa perception complète.

Le second écran est fixé dans la structure en aluminium et montre des images générées automatiquement à partir du recoupement statistique d’image-net. Les images sont des métamorphoses surréelles entre catégories ontologiques hétérogènes : plantes, animaux, techniques, minéraux, etc., semblant décrire un monde où les choses sont toujours instables, à la lisière de leur propre identité et mutent dans un flux continu. Elles sont réalistes sans être réelles.

Une voix synthétique décrit chacune de ces images, puisant dans des milliers d’œuvres de l’histoire de la photographie, et semble mimer la parole d’un critique d’art. Nous écoutons cette narration qui déraille, qui semble moquer avec ironie les textes qui accompagnent les œuvres (cartel, texte, etc.), qui décrit un hors-champ imaginaire et qui parfois paraît plus articulée et pertinente que certaines analyses produites par des êtres humains, nous renvoyant un reflet troublant de nos facultés cognitives et perceptives.

Le logiciel produit des images qu’il tente de décrire, les images étant la mémoire résiduelle de photographies passées et le mot, la mémoire lointaine du discours esthétique du siècle dernier.

Gregory Chatonsky poursuit son enquête sur les conséquences esthétiques, politiques et historiographiques de l’IA. À partir d’une architecture métrique qui forme sa signature et qui permet d’assembler l’ensemble de ses œuvres passées et futures, il propose une œuvre manifeste d’un nouveau réalisme inductif. Si la photographie a largement déterminé notre façon de concevoir et de percevoir la réalité depuis la révolution industrielle, les réseaux de neurones récursifs permettent, grâce à l’induction statistique, de produire de nouveaux médias à partir de médias existants. Se nourrissant du photoréalisme, l’IA produit un contre-réalisme troublant qui semble répondre aux tremblements actuels de la vérité (conspirations, fake news, pseudosciences).

Cette automatisation de la ressemblance dans le contexte d’une hypermnésie qui nous submerge depuis 30 ans sur le Web, forme le cœur du métaprojet Complétion dont ceci est la première itération. Il s’agit de réparer, compléter, prédire, générer l’ensemble de l’histoire humaine en proposant des versions alternatives indéfinies de celle-ci.



Completion 1.0 is an installation that generates, thanks to an artificial intelligence, or recursive neural networks, an infinite, alternative and counterfactual history of photography.

The installation is composed of two LED screens, a 3m3 modular aluminum structure and a sound source.
A screen is placed on the floor and broadcasts the entire image-net, a dataset of more than 14 million images. It is a large part of the known world that scrolls for 7 years, a duration that makes it impossible to perceive it completely.

The second screen is fixed in the aluminum structure and shows images generated automatically from the statistical cross-referencing of image-net. The images are surreal metamorphoses between heterogeneous ontological categories: plants, animals, techniques, minerals, etc., seeming to describe a world where things are always unstable, at the edge of their own identity and mutate in a continuous flow. They are realistic without being real.

A synthetic voice describes each of these images, drawing on thousands of works from the history of photography, and seems to mimic the speech of an art critic. We listen to this narrative that goes off the rails, that seems to mock with irony the texts that accompany the works (label, text, etc.), that describes an imaginary off-field and that sometimes appears to be more articulate and relevant than certain analyses produced by human beings, sending back to us a troubling reflection of our cognitive and perceptive faculties.

The software produces images that it tries to describe, the images being the residual memory of past photographs and the word, the distant memory of the aesthetic discourse of the last century.
Gregory Chatonsky continues his investigation of the aesthetic, political and historiographic consequences of AI. From a metric architecture that forms his signature and that allows to assemble the whole of his past and future works, he proposes a manifesto work of a new inductive realism. If photography has largely determined our way of conceiving and perceiving reality since the industrial revolution, recursive neural networks allow, thanks to statistical induction, to produce new media from existing media. Feeding on photorealism, AI produces a disturbing counter-realism that seems to respond to the current tremors of truth (conspiracy, fake news, pseudosciences).

This automation of resemblance in the context of a hypermnesia that has overwhelmed us for 30 years on the Web, forms the heart of the Complétion metaproject of which this is the first iteration. It is about repairing, completing, predicting, generating the whole of human history by proposing indefinite alternative versions of it.