Quatrième mémoire
Installation, dimensions variables
Film génératif, impressions 3D, impressions numériques, aluminium, pierres
Stable Diffusion XL, AnimDiff, Deepseek, CoquiTTS
Données d’entrainement : Laon 5B, Visual Contagions sous la direction de Béatrice Joyeux-Prunel, archives personnelles de l’artiste
Avec le soutien du Conseil des arts du Canada, de l’Université de Genève et du Jeu de Paume pour l’exposition Le monde selon l’IA.
Aide à la programmation : Robin Champenois
Ce tombeau anticipé, conçu par l’artiste de son vivant, se présente comme une méditation sur la postérité à l’ère post-humaine. Prototype funéraire pensé pour survivre à notre espèce, l’installation interroge les frontières entre mémoire, données et immortalité.
Chatonsky identifie l’intelligence artificielle comme une rupture historique majeure : là où la photographie fixait des traces indicielles du réel, les systèmes d’IA vectorisent désormais nos archives pour générer d’infinies versions du possible. Cette mémoire ne se contente plus d’externaliser et de conserver; elle prolifère, s’autonomise et s’émancipe de ses prétendus auteurs.
L’œuvre se déploie en plusieurs éléments dialoguant dans l’espace : une série de photographies évoquant des monuments funéraires semblables à des centres de données, où reposent des disques durs attendant leur activation par une entité future ; des sculptures hybrides oscillant entre minéralité et organicité; et au centre, le tombeau lui-même, constellation de fragments corporels et d’un cerveau vitrifié retrouvé à Pompéi.
Face à cette sépulture, un film projette les vies potentielles de l’artiste, alternant avec ironie séquences générées et photographies personnelles transformées. La voix synthétisée de Chatonsky tente d’interpréter ces images, reconstruisant une biographie spéculative. Sur trois écrans périphériques, un algorithme recherche dans des archives des XIXe et XXe siècles des images faisant formellement écho au film central, inversant ainsi la relation entre original et simulation.
Alimenté pendant toute la durée de l’exposition, “Quatrième mémoire” explore une existence sans finitude, où l’identité se diffracte en d’innombrables variations algorithmiques. L’œuvre questionne notre hantise des vies non vécues que l’intelligence artificielle peut désormais matérialiser, ouvrant vers une forme de résurrection biocosmisque qui n’est plus répétition mais exploration des latences du possible.



