Le corps de l’exposition / The Body Exhibition

Les œuvres ne tiennent pas dans leur superbe isolement, posées en station sur un socle, dans un cube blanc ou dans l’espace public, si ce n’est à mimer une perception isolée du monde grâce aux institutions, les églises ou les musées. Devant la multiplication des données, une œuvre n’est qu’une donnée parmi d’autres. Un sentiment de vanité nous envahit.

On ne peut plus alors que produire des corpus, c’est-à-dire prendre chacune des œuvres comme les fragments d’une totalité qui n’est pas passée, mais à venir, c’est-à-dire à faire. Le corpus est la stase d’un flux.

Le cube n’a jamais été aussi incomplet et ce n’est pas là une lacune qu’il faudrait combler, mais l’incomplétude qui permet d’associer un fragment à un autre fragment afin de les rendre compatibles les uns aux autres.

L’exposition devient un récit qui traverse plusieurs œuvres. Elles contenaient cette fiction de manière latente, à titre de possibilité, non pas au nom d’une intentionnalité d’origine. L’artiste inspecte alors son travail comme du dehors. Il associe chaque œuvre pour raconter l’histoire d’une époque et passer de l’actualité du présent à l’ancienneté de l’histoire, au grondement profond des multitudes.

L’exposition est un corpus temporaire, le réagencement infini d’éléments, autrefois considérés comme des œuvres, qui ont été réalisées dans un contexte déterminé, mais dont on peut réorienter l’effet en les mettant autrement en relation les uns avec les autres.

Ce sera, avec Liminal, le renversement de l’image et de l’ontologie : des corps vidés de leur réflexivité, externalisant leur perception avec des capteurs. Un squellette observé par des robots à la manière d’une géologie, portant des sphères réfléchissant l’espace, un ultime rituel envers une finitude sans existence. La fin de l’image indicielle et le début d’une image statistique produisant la réalité par des organismes mimétiques.


Works don’t stand in their superb isolation, stationed on a pedestal, in a white cube or in public space, except to mimic an isolated perception of the world thanks to institutions, churches or museums. Faced with the multiplication of data, a work of art is just one piece of data among many. A feeling of vanity invades us.

All we can do, then, is produce corpus, i.e. take each work as a fragment of a totality that is not past, but yet to come, i.e. yet to be made. The corpus is the stasis of a flow.

The cube has never been so incomplete, and this is not a gap that needs to be filled, but the incompleteness that makes it possible to associate one fragment with another in order to make them compatible with each other.

The exhibition becomes a narrative that runs through several works. They contained this fiction latently, as a possibility, not in the name of an original intentionality. The artist inspects his work as if from the outside. He associates each work to tell the story of an era, moving from the actuality of the present to the antiquity of history, to the deep rumbling of the multitudes.

The exhibition is a temporary corpus, an infinite rearrangement of elements that were once considered works of art, that were produced in a given context, but whose effect can be redirected by placing them in a different relationship to one another.

With Liminal, the image and ontology are turned upside down.: bodies emptied of their reflexivity, externalizing their perception with sensors. A squellette observed by robots in the manner of a geology, bearing spheres reflecting space. The end of the indicial image and the beginning of a statistical image producing reality through mimetic organisms.