The road
Installation de réalité virtuelle
Dimensions variables
Collection de l’artiste
« La route traversait un marécage desséché où des tuyaux de glace sortaient tout droits de la boue gelée, pareils à des formations dans une grotte. Les restes d’un ancien feu au bord de la route. Au-delà une longue levée de ciment. Un marais d’eau morte. Des arbres morts émergeant de l’eau grise auxquels s’accrochait une mousse de tourbière grise et fossile. Les soyeuses retombées de cendre contre la bordure. Il s’appuyait au ciment rugueux du parapet. Peut-être que dans la destruction du monde il serait enfin possible de voir comment il était fait. Les océans, les montagnes. L’accablant contre-spectacle des choses en train de cesser d’être. L’absolue désolation, hydropique et froidement temporelle. Le silence.» (McCarthy, C. (2006). La route. Paris : L’Olivier, 399-400)
« Ma seconde maxime était d’être le plus ferme et le plus résolu en mes actions que je pourrais, et de ne suivre pas moins constamment les opinions les plus douteuses, lorsque je m’y serais une fois déterminé, que si elles eussent été très assurées. Imitant en ceci les voyageurs qui, se trouvant égarés en quelque forêt, ne doivent pas errer en tournoyant, tantôt d’un côté, tantôt d’un autre, ni encore moins s’arrêter en une place, mais marcher toujours le plus droit qu’ils peuvent vers un même côté, et ne le changer point pour de faibles raisons, encore que ce n’ait peut-être été au commencement que le hasard seul qui les ait déterminés à le choisir : car, par ce moyen, s’ils ne vont justement où ils désirent, ils arriveront au moins à la fin quelque part, où vraisemblablement ils seront mieux que dans le milieu d’une forêt… » (Descartes, R. Discours de la méthode, 3e partie « Quelques règles de morale tirées de la méthode »)
Cette installation de réalité virtuelle immerge le visiteur dans un environnement forestier infini dépourvu de repères directionnels conventionnels. Le dispositif numérique génère un paysage sylvestre sans orientation définie, abolissant les notions de verticalité et d’horizontalité habituellement structurantes dans notre perception spatiale.
L’expérience propose une déambulation dans une obscurité arborescente aux caractéristiques particulières : quelle que soit la direction choisie, même en suivant une trajectoire rectiligne, aucune issue ne se présente. Cette impossibilité de sortir de l’espace forestier crée une expérience de désorientation contrôlée et d’enfermement paradoxal dans un espace numériquement illimité.
La forêt, traditionnellement symbole de nature sauvage et d’altérité dans l’imaginaire collectif, devient ici un environnement algorithmique sans frontières ni limites. Le dispositif interroge ainsi les notions de finitude et d’infinitude dans les espaces virtuels, tout en évoquant les représentations archétypales de la forêt comme lieu de perdition.
En supprimant les coordonnées spatiales habituelles et en plaçant le visiteur dans une errance perpétuelle, l’œuvre propose une réflexion sur l’orientation dans les paysages numériques et sur les nouvelles formes d’expérience spatiale générées par les technologies immersives.
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