Les transmetteurs et les providers
Au hasard du réseau nous retrouvons des structures classiques qui semblaient dépassées. Le postmodernisme anglo-saxon nous avait habitué à ne plus distinguer une création (car on ne créé jamais tout seul) d’une citation (qui selon le contexte s’apparente à une création). Cette logique du remontage et du mashup existe, mais en observant les réseaux sociaux on voit apparaître une très nette distinction entre ceux qui sont des transmetteurs et ceux qui sont des providers. Les premiers repostent et les seconds postent. Reposter consiste à renvoyer un lien dont on est pas l’auteur. Poster consiste à envoyer un lien dont on est l’auteur. La définition d’un auteur dans le contexte du réseau est problématique et mériterait un développement spécifique.
D’un point de vue informationnel, les transmetteurs sont les vecteurs d’un mot d’ordre. En repostant, ils propagent une information préexistante. Cette propagation pourra rester lettre morte, orpheline ou être l’origine d’une onde se transmettant de proche en proche, murmures pouvant devenir grondement sourd du buzz. Le mot d’ordre consiste à répéter quelque chose. Les providers jouent un autre rôle, parce que même si leur création reste lettre morte, elle existe indépendamment de sa propagation. Le document reste en réserve pour une diffusion avenir qui reste potentiellement possible.
La place de plus en plus importante des transmetteurs sur Internet est parallèle à la privatisation des existences intimes et à la commercialisation de l’attention. Quand on est un provider, on est contre, tout contre. Dans la simple écriture d’un texte, on se fait un peu violence. Quand on est un transmetteur, on répond à l’ordre préexistant.