La panne: l’instrumentalité incidentelle / Failure: incidental instrumentality (DEA)

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https://www.academia.edu/354166/La_panne_une_esth%C3%A9tique_incidentelle_1996_

A présent le curseur s’est arrêté, il est resté bloqué sur l’écran. On voit la main s’agiter sur la souris, mais rien ne bouge sur le moniteur. Il ne reste plus qu’une fenêtre ouverte et des signes, des symboles perdus à tout jamais. Ils n’ont pas été sauvegardés, à présent ils n’auront plus aucune chance d’être mémorisé. Le texte écrit a été perdu. On ne sait même plus s’il a réellement existé. La preuve fait défaut. On ne peut même pas s’insurger. C’était un bug rien de plus. Alors, il faut malgré tout continuer, continuer de pianoter sur le clavier. Reprendre tout à zéro. Recommencer Tout d’abord rallumer l’ordinateur, entendre son ronronnement auquel il faut se réhabituer, puis un son assez aigu qui vient vous réveiller de cette torpeur où vous étiez plongé et où vous aviez essayer de retrouver dans votre mémoire ce texte que vous avez écrit. Mais vous ne vous souvenez que de quelques brides parsemées. Pourtant c’était vous qui l’aviez écrit. Etait-ce bien vous? Vous le savez plus. Vous attendez. Vous commencez à pianoter sans trop savoir par quel bout commencer, vous qui aviez déjà quasiment tout écrit, c’est perdu et envolé. Alors vous y allez un peu à l’aveuglette. Non, rien ne vient. Vous hésitez. Faut-il essayer de se remémorer le texte perdu ou bien partir d’un tout autre point comme si de rien n’était? Les choses ne sont pas si simples, car si vous optez pour la première solution vous ne pourrez pas recommencer à l’exact ce qui s’est déjà passé. Si par contre, vous essayez la seconde proposition vous restez dans l’instabilité car vous avez déjà écrit et cela vous ne pouvez pas complètement l’oublier.

Le texte explore la relation entre l’art et la technique, en approfondissant le concept de “panne” comme étant plus qu’un simple dysfonctionnement, mais comme une résistance aux définitions traditionnelles. Il traite de la perte d’un texte écrit à cause d’un bogue, remettant en question son existence et l’absence de preuve. Le récit réfléchit à l’acte d’écrire et à l’interconnexion des machines et du monde.

Le texte contemple l’interruption continue causée par la “panne”, remettant en question la notion de fonctionnalité et révélant une perturbation plus profonde de l’espace tout entier. Il réfléchit aux sentiments d’impuissance et de résignation face à un dysfonctionnement, soulignant l’impact de tels incidents sur le processus créatif.

Il y a une discussion sur la stratégie consistant à attaquer les preuves par des questions absurdes pour remettre en question la notion de vérité et perturber le statu quo. Cette stratégie est assimilée à la remise en question de la relation entre les œuvres d’art et les technologies, suggérant une unité cachée qui mérite d’être explorée.

Le récit aborde la stabilité offerte par les réseaux et les systèmes, en veillant à ce que les éléments s’intègrent harmonieusement sans attirer l’attention sur eux. Cette stabilité procure un sentiment de sécurité, soulignant l’importance de la fonction par rapport à la forme dans le maintien de l’ordre et de la continuité.

Le texte se penche également sur le désir humain d’imposer des plans techniques au corps, soulignant le manque inhérent de finalité et d’origine dans la nature humaine. Il remet en question la capacité des humains à satisfaire des désirs qu’ils ne possèdent pas, soulignant l’essence de l’existence humaine dans ses imperfections et ses incertitudes.

Dans l’ensemble, le texte présente une exploration complexe de l’interaction entre l’art, la technologie et l’existence humaine. Il remet en question les notions traditionnelles de fonctionnalité et de vérité, invitant les lecteurs à reconsidérer le rôle des perturbations et des incidents dans la formation de notre compréhension du monde.


Now the cursor has stopped, it’s stuck on the screen. You can see your hand waving over the mouse, but nothing is moving on the monitor. All that’s left is an open window and signs, symbols lost forever. They haven’t been saved, and now they’ll have no chance of being remembered. The written text has been lost. We don’t even know if it ever existed. Proof is lacking. We can’t even complain. It was a bug, nothing more. So, in spite of everything, we have to keep going, keep tapping away at the keyboard. Start all over again. Start all over again. First of all, turn the computer back on, hear the humming sound you’ve got to get used to again, then a high-pitched sound that wakes you up from the torpor you’ve been in, trying to find the text you’ve written in your memory. But you only remember a few scattered bits. Yet it was you who wrote it. Was it really you? You don’t know anymore. You wait. You start typing without really knowing where to begin, you who had already written almost everything, it’s lost and gone. So you start blindly. No, nothing comes. You hesitate. Should you try to recall the lost text, or start from a completely different point as if nothing had happened? Things aren’t quite that simple, because if you opt for the first solution, you won’t be able to start again from exactly the same place as before. If, on the other hand, you try the second option, you’re left in a state of instability, because you’ve already written, and you can’t completely forget it.

The text explores the relationship between art and technique, delving into the concept of “panne” as more than just a malfunction but as a resistance to traditional definitions. It discusses the loss of a written text due to a bug, questioning its existence and the lack of proof. The narrative reflects on the act of writing and the interconnectedness of machines and the world.

The text contemplates the continuous interruption caused by the “panne,” challenging the notion of functionality and revealing a deeper disruption in the entire space. It reflects on feelings of powerlessness and resignation when faced with a malfunction, highlighting the impact of such incidents on the creative process.

There is a discussion on the strategy of attacking evidence with absurd questions to challenge the notion of truth and disrupt the status quo. This strategy is likened to questioning the relationship between artworks and technologies, suggesting a hidden unity that deserves exploration.

The narrative touches on the stability provided by networks and systems, ensuring elements fit together seamlessly without drawing attention to themselves. This stability offers a sense of security, emphasizing the importance of function over form in maintaining order and continuity.

The text also delves into the human desire to impose technical plans on the body, highlighting the inherent lack of finality and origin in human nature. It questions the ability of humans to fulfill desires they do not possess, emphasizing the essence of human existence in its imperfections and uncertainties.

Overall, the text presents a complex exploration of the interplay between art, technology, and human existence. It challenges traditional notions of functionality and truth, inviting readers to reconsider the role of disruptions and incidents in shaping our understanding of the world.