Ossuaires
Inclassable. Pas de sépulture sans rangement classificatoire, sans série ordonnée, sans tabulation. Autrement c’est le charnier. Le coffin circule, curseur et reupteur, trait d’union entre le cimetière et la fosse commune (…) Mais ce qui n’en relève plus et dont elle ne se relève plus, c’est peut-être le sort. Le sort qui lui est fait, le sort qui lui est jeté, celui qui en est jeté.
J. Derrida, La vérité en peinture, p.283
The series ” Ossuaries ” was realized by collecting several hundreds of 3D files of human and non-human bones. These files have been found on websites such as Google Warehouse, Thingverse, Shapeways, etc. Then I fed these files to a neural network. The software has learned to create new ones. The generated files were cleaned on a computer and printed.
Traditionally, an ossuary is a container, a construction, or any other site intended to house human bones. They accumulate there, sometimes in several. These bones are also traces of existence.
In the age of the Internet and big data, data are also traces of existence. Data centers are like ossuaries. Neural networks feed on this data to create a similar result. There is something in this devotion that is mortuary: everything happens as if the machines were trying to create a second version of what exists.
These bones produced by an artificial imagination come from unknown and monstrous species. These bones are an updated memory of the species that will disappear and of which we are a part.
La série « Ossuaires » a été réalisé en collectant plusieurs centaines de fichiers 3D d’ossement humains et non-humains. Ces fichiers ont été trouvé sur des sites Internet tels que Google Warehouse, Thingverse, Shapeways, etc. J’ai ensuite nourri un réseau de neurones avec ces fichiers. Le logiciel a apprit à en créer de nouveaux. Les fichiers générés ont été nettoyés sur ordinateur puis imprimés.
Traditionnellement, un ossuaire est un récipient, une construction, ou tout autre site destiné à accueillir des ossements humains. Ils s’y accumulent, parfois à plusieurs. Ces os sont aussi des traces d’existence.
A l’époque d’Internet et du big data, les données sont aussi des traces d’existence. Les datacenters sont comme des ossuaires. Les réseaux de neurones se nourrissent de ces données pour créer un résultat ressemblant. Il y a dans cette dévoration quelque chose qui est mortuaire : tout se passe comme si les machines tentaient de créer une deuxième version de ce qui existe.
Ces ossements produits par une imagination artificielle proviennent d’espèces inconnues et monstrueuses. Ces ossements sont une mémoire réactualisée des espèces qui disparaîtront et dont nous faisons partie.