Desert III
Vidéo numérique
1920 × 1080 pixels, 16:47 min
Collection de l’artiste
« La route traversait un marécage desséché où des tuyaux de glace sortaient tout droits de la boue gelée, pareils à des formations dans une grotte. Les restes d’un ancien feu au bord de la route. Au-delà une longue levée de ciment. Un marais d’eau morte. Des arbres morts émergeant de l’eau grise auxquels s’accrochait une mousse de tourbière grise et fossile. Les soyeuses retombées de cendre contre la bordure. Il s’appuyait au ciment rugueux du parapet. Peut-être que dans la destruction du monde il serait enfin possible de voir comment il était fait. Les océans, les montagnes. L’accablant contre-spectacle des choses en train de cesser d’être. L’absolue désolation, hydropique et froidement temporelle. Le silence.»
Cette œuvre vidéo présente une succession d’espaces dépeuplés – paysages urbains, zones marécageuses, forêts et routes désertes – entrecoupés d’objets et de mots qui s’effacent progressivement, ainsi que de séquences montrant une jeune femme qui livre son témoignage émotionnel sur YouTube.
Le projet s’inspire du roman post-apocalyptique “La Route” de Cormac McCarthy, dont il reprend méthodiquement les objets rencontrés par les protagonistes au fil de leur périple. Cette approche systématique déconstruit la progression dramatique du récit original, créant une temporalité alternative qui fragmente et reconfigure la narration linéaire.
L’œuvre établit une tension entre les paysages vides évoquant un monde abandonné et la présence intime d’une figure féminine qui s’exprime dans l’espace numérique. Cette juxtaposition confronte l’esthétique de la désolation matérielle à l’expression d’une vulnérabilité émotionnelle médiatisée par les plateformes en ligne.
En détournant la structure du roman source, la vidéo propose une réflexion sur les modes narratifs contemporains et sur la façon dont les récits de fin du monde persistent dans notre imaginaire collectif. Elle interroge également les nouvelles formes d’expression de soi qui émergent dans les espaces numériques, créant un contraste saisissant avec les environnements physiques désertés qu’elle documente.
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