Mapping fictions

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Les arts visuels sont confrontés à une multiplication des images dont l’ampleur est sans précédent historique. Si ce phénomène résulte du développement des médias de masse par les procédés de mécanisation depuis l’ère industrielle, il est devenu exponentiel par les technologies numériques. La quantité démesurée des images nécessite une position critique qui permette de ne pas être subjugué par ce flux qui fait partie de l’environnement et de ne pas être assujetti aux systèmes de contrôle qui prévalent actuellement.

La relation entre la quantité d’informations et les supports nécessaires à leur inscription est bouleversée. Ce phénomène quantitatif entraîne une transformation qualitative. De nouveaux types d’images apparaissent, en particulier ce qu’on pourrait nommer, à la suite de Lev Manovich, les images-instruments, qu’il est possible de manier. Leur dimension tactile trouble la limite entre le visible et l’haptique, dont la dissociation a pourtant traversé et structuré l’histoire de l’art. Provenant des technologies militaires, les images-instruments en gardent la volonté de contrôle en temps réel. Elles doivent procurer le sentiment d’une maîtrise sur les événements et donner tout à voir. Dans ce contexte sociotechnique, le déploiement de l’entreprise Google n’est pas seulement économique, mais aussi ontologique, au sens où elle tente de s’emparer de plusieurs secteurs de la réalité, par le moteur de recherche, les blogues, les mots de Addwords et la cartographie par Google Maps, Google Earth et Google Street View.

Les visions aérienne et cartographique modifient notre définition du territoire en permettant de passer de la totalité du monde au détail le plus discret. Portées par le désir de dépasser la finitude de l’image pour saisir la continuité absolue du référent, elles prennent dorénavant une ampleur et une signification nouvelles. Les différentes bases de données sont recoupées et les cartes leur servent d’interface d’accès augmentant la réalité. Ceci constitue une invention performative par laquelle Google vise la privatisation de tout un secteur de notre imaginaire, selon une économie de l’accès.

Ce fantasme d’une représentation dépassant sa finitude et se confondant avec son référent en l’embrassant en totalité, ce désir de surmonter les limites de l’image, peut être transformé au coeur même de ce type de vision. Dans notre projet, la capacité du récepteur de se déplacer dans l’image relève d’un champ de recherche consistant à mêler les fonctions habituellement séparées du tournage, du montage et de la diffusion. Le tournage enregistre un modèle, le montage est une synchronisation tandis que la diffusion permet d’actualiser ces modèles selon un certain degré de liberté. Ce champ comprend les recherches en imagerie interactive, en traduction de données 2D en données 3D, c’est-à-dire la 2D3 telle qu’exemplifiée par le logiciel beta Photosynth de Microsoft, en caméra laser, etc.

Recherche-création FQRSC en collaboration avec Alain Paiement.

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