Nos insularités

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Chacun avait son île et nous nous rendions parfois visite.
Lorsqu’il n’y avait pas de visiteurs, chacun cultivait et construisait en vue de futures visites.

Puis, nous nous sommes déplacés sur d’autres terres qui étaient des continents. La terre ne nous appartenait plus. Nous avions le droit de la cultiver selon certaines règles et d’y construire selon d’autres règles. Le sol lui-même n’était pas notre propriété. Des propriétaires nous en laissaient l’usage selon un code très précis.

Nous nous étions rapprochés les uns des autres, des villes sont apparues, de grands regroupements. Nous n’avions plus à nous rendre visite, en s’occupant de soi-même on croisait d’autres personnes. On faisait plus ou moins attention à eux, car on était concentré sur son propre travail. Ce travail devait avoir comme résultat que d’autres, qui étaient tout autant affairé que nous sur les mêmes affaires, s’intéressent à nous, s’arrêtent un moment devant notre façade et laisse un gentil mot. Nous construisions notre image.

Un jour peut-être reviendrions-nous dans nos îles. Peut-être parviendrions-nous à inventer des îles dans les mégapoles des continents. Nous pourrions alors abandonner Facebook et Twitter, Instagram, et construire nos propres sites. Peut-être pourrions-nous ne publier sur les sites sociaux que des données publiées en amont sur nos îles.

C’est ainsi que nous avons créé le mythe de notre souveraineté.