Dual activity

Il pianote sur son clavier. Parfois il regarde son écran, à d’autres moments il dérive. Que fait-il au juste ? Travaille-t-il ou se perd-il sur le réseau ? Lui-même ne le sait pas. Il y a une zone indistincte entre le travail et le loisir, entre l’organisation du temps et sa dépense. Il est simplement là, passant des heures devant la machine. Il agit sur elle pendant qu’elle enregistre certains de ses gestes. Une foule de données est traduite, du monde analogique au monde numérique, et une fois celui-ci lancés il ne cesse de communiquer avec lui-même, de se répandre sur le réseau, de s’infiltrer et de se reproduire. Peut-être un de ses clics de souris se retrouvera-t-il sous une forme modifiée dans une base de données localisée sur un serveur à l’autre bord de la planète. Peut-être dans quelques années cette donnée perdue servira-t-elle à un autre système pour extirper des résultats qui seront réinjectés dans l’analogique.

Cette présence, qui est aussi bien la sienne que celle de la machine, du réseau et de tous les autres flux qui traversent le monde, est indéterminée même si elle semble répondre à la construction d’une causalité. Cette dernière est en réserve de possibles.

Son regard parcourt l’écran, il suit la souris qui est aussi sa main, un index.

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Sur un mur, un autre écran est accroché de dimensions plus importantes. On y voit un océan de synthèse qui simule les vagues, le flux et le reflux selon des données captées sur l’ordinateur personnel. Un observateur extérieur aurait bien du mal à détecter cette relation si on ne lui avait pas expliqué. Il n’empêche que cette traduction des données en un océan numérique a bien lieu. Tout se passe comme si la personne à l’ordinateur pouvait regarder sa propre activité sans la reconnaître, comme si elle était disparate et scindée en deux faces impaires. C’était déjà le cas, de façon inconsciente, puisque les données étaient enregistrées de façon automatique, traduites et reproduites selon des lignes inanticipables. Ce parcours n’appartient plus à la reproduction mimétique, une forme abstraite s’en échappe, forme qui est à destination des humains, mais aussi des machines.

On utilise l’activité standard sur un ordinateur personnel pour produire une forme.

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Le flux et le reflux des vagues, leurs variations infinies sur les amers du réseau.

http://chatonsky.net/projects/netsea/