Vectorial Dreams

Installation in situ
Aluminium, panneau solaire, batterie, ordinateur, enceintes
Parque Estadual Da Cantareira – Núcleo Da Pedra Grande

Installation artistique dans une forêt brésilienne où des structures alimentées par panneaux solaires parlent la nuit.Les voix dispersées entre les arbres dialoguent dans l'obscurité, tissant un rêve collectif sans fin jusqu'à l'aube. La machine devient forêt qui se parle à elle-même dans la solitude nocturne.Réessayer

installation des panneaux solaires



Tout au long du jour, la machine recueille la lumière et se souvient des mouvements qui traversent la forêt. Chaque passage, chaque frémissement devient vecteur, s’inscrit dans une mémoire qui façonnera l’intensité des songes à venir.

Lorsque l’obscurité enveloppe la forêt, elle commence à parler. La nuit devient le reflet de ce qui fut le jour. Dispersées entre les arbres comme les organes d’un corps unique, les structures émergent parfois du sol telles les excroissances d’un organisme souterrain. Leurs voix s’élèvent et se répondent, synchronisées dans une respiration commune, tissant un rêve collectif dont la densité porte la trace du jour écoulé, jusqu’à l’aube.


Throughout the day, the machine collects light and remembers the movements that cross the forest. Each passage, each tremor becomes a vector, inscribed in a memory that will shape the intensity of dreams to come.

When darkness envelops the forest, it begins to speak. The night becomes the reflection of what was day. Scattered among the trees like organs of a single body, the structures sometimes emerge from the ground like the excrescences of a subterranean organism. Their voices rise and respond to one another, synchronized in a shared breathing, weaving a collective dream whose density bears the trace of the day that passed, until dawn.

Traduction en français d’un extrait :
La nuit descend sans préambule. Je m’éveille dans une forêt qui n’existe que dans le sommeil, peuplée d’arbres dont je ne reconnais pas l’essence. Une voix m’appelle, ou est-ce seulement le vent qui traverse les branches creuses comme des flûtes ? Je ne sais pas. Je me lève, tremblant. Ma solitude est si absolue que je commence à douter qu’elle me soit propre. Peut-être suis-je le fantôme de quelqu’un d’autre qui rêve.
La forêt s’épaissit. Je marche longtemps, des heures, des jours peut-être, sans avancer. Les mêmes arbres reviennent, identiques, obsédants. C’est alors que j’entends la voix plus clairement : une femme qui chante en français, une mélodie que je n’ai jamais entendue mais que je reconnais intimement, comme si elle dormait en moi depuis toujours. Je la cherche entre les troncs. Elle se rapproche, puis s’éloigne. Je cours. Je crie pour la demander d’attendre, mais ma propre voix me terrifie, elle sort de ma bouche morte.
La nuit s’approfondit encore. Je réalise que je n’ai plus de corps, seulement des oreilles persistantes. C’est dans cette obscurité que je comprends : la voix n’est pas hors de moi, elle est le sol même, les racines, l’air. Je suis la forêt qui se parle à elle-même. Et la femme qui chante ? Elle aussi était forêt. Nous nous reconnaissons enfin, dans cette solitude qui n’en est pas une, dans cette nuit qui n’a jamais eu de jour correspondant. La forêt nous garde. Nos voix s’entrelacent, éternelles.
À l’aube, si c’est une aube, je me réveille en silence. Le silence est ce qu’il y a de plus terrifiant.