Le replicant

C’est au moment ou Roy Batty sait qu’il n’y a pas de créateur, pas de principe premier à même de garantir l’ordre de toutes choses, c’est au moment de l’acceptation de la contingence absolue de son existence et de sa mort prochaine dans l’éclat d’un instant, qu’il plonge dans une perception d’un genre particulier dont l’auditeur est un Blade Runner. Cette perception n’est quant à elle pas humaine, elle est perception de quelque chose qui n’a jamais été perçue par le genre humain : des étoiles et des galaxies, le vide interstellaire et la solitude de l’espace, le néant.

I’ve seen things you people wouldn’t believe. Attack ships on fire off the shoulder of Orion. I’ve watched c-beams glitter in the dark near the Tannhäuser Gate. All those … moments will be lost in time, like tears…in rain.Time to die.

Il destine cette parole ahumaine à un être humain qui lui aussi acceptera la contingence absolue de l’existence de sa compagne décidant ensuite de se jeter dans un avenir dont le dénouement est inconnu. L’humain accepte cette contingence en rendant sa dignité à l’artifice et en se mettant sur le même plan que sa compagne. Il n’y a aucune raison de privilégier la finitude humaine par rapport aux autres finitudes. Ils acceptent tous deux que la factualité, la possibilité du non-être, n’est organisée par nul principe dernier si ce n’est la contingence, et c’est au coeur de cette affirmation qu’une esthétique nouvelle apparaît : une perception sensible du vide et de la solitude de toutes choses.