Realistic repetition

A statistical system produces a realistic result when it resembles something that has already been seen. Realism is therefore, in Stiegler’s terminology, a primary retention of a perceptive type, which finds its way into a ternary retention of a technical type to produce a secondary retention, i.e. a melody that we call realism.
Realism is mimesis when the occurrences (the notes) belong to different retentions: we generate a realistic video, not because it is a photosensitive index or because it corresponds to our knowledge of the physical world, but because it resembles déjà vu.
What does this realism, which is progressing daily, mean from the point of view of a statistical space? A latent space can produce identical or different data that remain, more or less, within the statistically defined field of possibility. Between the strict repetition of the training dataset and the difference in pixel noise, there’s a middle ground that constitutes the realism effect: close enough to the known and far enough from the archive.
The more realistic results a latent space generates, the more it repeats, with the maximum difference being pixel shapelessness. Realism is therefore the comparison between perceptual experience of the world (including images) and the selection of possibilities in latent space. We can deduce from this that the more realistic a medium is, the more it corresponds to an experience that has already taken place, the more it repeats and therefore the more it restricts possibilities.
But this comparison depends on what we mean by mundane realism, because depending on the culture and the era, this realism varies completely. Statistical systems are realistic in the sense of Western naturalism.
In fact, it would be interesting to make a comparative chronology of the last 4 years in terms of the realism of successive artificial imaginations. The first ones were psychedelic, hallucinatory, surrealist, and the latest results with MidJourney or Sora lose this madness of possibilities and resemble images already familiar from Netflix and Hollywood productions.
Rather than opening ourselves up to an alternative realism, we’re excited to see generative productions resemble the visual flows that already overwhelm us. Repetition is favored over difference, because the frameworks for analyzing difference are not pre-established. The slightest flaw, the slightest strangeness, the slightest discrepancy appear as uncertain zones where some people continue to perceive art and possible.


Un système statistique produit un résultat réaliste quand celui-ci ressemble à quelque chose qui a été déjà vu. Le réalisme est donc, selon la terminologie de Stiegler, une rétention primaire de type perceptive qui se retrouve dans une rétention ternaire de type technique pour produire une rétention secondaire, c’est-à-dire une mélodie que nous nommons réalisme.
Le réalisme est mimèsis quand les occurrences (les notes) appartiennent à des rétentions différentes : on génère une vidéo réaliste, non plus parce qu’elle est un indice photosensible ou parce qu’elle répond aux connaissances que nous avons du monde physique, mais parce qu’elle ressemble à du déjà-vu.
Qu’est-ce que ce réalisme, qui progresse chaque jour, signifie du point de vue d’un espace statistique ? Un espace latent peut produire des données identiques ou différentes qui restent, plus ou moins, dans le champ du possible défini statistiquement. Entre la stricte répétition du dataset d’entraînement et la différence du bruit des pixels, il y a un milieu qui constitue l’effet de réalisme : assez proche du connu et assez loin de l’archive.
Plus un espace latent génère des résultats réalistes, plus il répète, le maximum de la différence étant l’informe des pixels. Le réalisme est donc la comparaison entre l’expérience perceptive du monde (images comprises) et la sélection des possibles dans l’espace latent. On peut en déduire que plus un média est réaliste, plus il correspond à une expérience qui a déjà eu lieu, plus il répète et donc plus il restreint les possibles.
Mais cette comparaison dépend de ce que nous entendons par réalisme mondain, car selon les cultures et les époques, ce réalisme varie du tout au tout. Les systèmes statistiques sont réalistes au sens du naturalisme occidental.
Il serait d’ailleurs intéressant de faire la chronologie comparative des 4 dernières années en termes de réalisme des imaginations artificielles qui se sont succédé. Car les premières étaient psychédéliques, hallucinatoires, surréalistes, et les derniers résultats avec MidJourney ou Sora perdent cette folie des possibles et ressemblent à des images déjà connues de Netflix, de productions hollywoodiennes.
Plutôt que de nous ouvrir à un réalisme alternatif, on s’enthousiasme de voir les productions génératives ressembler aux flux visuels qui nous débordent déjà. On privilégie donc la répétition sur la différence, car les cadres pour analyser celle-ci ne sont pas préétablis. Le moidre défaut, la moindre étrangeté, le moindre décalage apparaissent comme des zones incertaines où certains continuent de percevoir de l’art et du possible.

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