Ready-interface
En exposant Mall et Office Silence pendant I’ll be your mirror, et devant certaines réactions d’acteurs de l’art numérique, j’ai eu non seulement la confirmation de l’actualité perturbatrice du readymade, mais encore que le post-numérique pouvait se définir par la continuation du projet lancé par Marcel Duchamp. En ce sens, l’art ne constitue pas un point de départ mais un point d’arrivée. Quelque chose précède l’art, les conditions matérielles de production du monde. Toutefois, à la différence du readymade original qui mettait l’accent sur le “faire”, c’est-à-dire su les conditions de production de l’objet et le mécanisme d’industrialisation, ce qui expliquait l’importance de la signature et de la décision nominatrice de l’artiste qui lui permettrait de s’infiltrer dans la cause efficiente, le post-numérique met en avant un autre “déjà donné’ qui est celui des usages. On pourrait parler de ready-interface, l’interface pouvait être numérique tout aussi bien qu’analogique (Galloway, A. R. (2012). The Interface Effect (1ʳᵉ éd.). Polity.).
Le ready-interface est un enjeu non plus en amont mais en aval, celui des utilisateurs. Mais ceux-ci ne sont pas simplement après la production matérielle, puisque celle-ci ne cesse d’être modifiée par le feedback des utilisateurs. Ainsi, l’interface doit s’entendre comme ce qui en mettant en relation produit un usage, c’est-à-dire une certaine orientation du corps, mais encore comme ce qui est entre la production et la réception.