Obscape
Quand les objets ne seront plus, quand nous ne pourrons plus les produire, quand la matière et l’énergie seront exténuées et que la terre grondera à nouveau dans sa solitude froide et distante. Il restera des espaces qui n’ayant eu d’autre fonction que d’être remplis d’objets, seront doublement vides. Ils l’étaient déjà avant : ils étaient un vide à remplir par des objets. C’étaient des étalages, des présentoirs, des surfaces à combler et à disposer, le désir de ce manque. Ils le seront encore une fois : leur vide sera visible comme vide puisque l’étalement des objets fera défaut. Sans doute observerons nous ces espaces commerciaux comme le symptôme d’une époque lointaine et étrange, et sans doute témoigneront-ils avec force de ce qui liait les désirs et les objets à travers la valeur d’échange zéro : l’argent. Sans doute, les regarderons-nous comme jamais auparavant, comme ce que nous avons été et comme ce que nous avons perdu du fait de cette exténuation mais aussi peut-être bien avant du fait de ce désir même des objets qui était sans objet, sans fin, exténuation de la consumation. Qu’est-ce que faire un espace qui doit être rempli et qui a comme fonction de présenter quelque chose d’autre ? Quel est le nom de cet espace qui renvoi à un autre espace et à un autre espace ? Qu’est-ce qu’un objet disposé dans l’espace quand cet objet même fait défaut ? Un espace blanc, de grandes baies vitrées, ceci pourrait être un centre commercial ou un musée. Il reste quelques monuments, des socles, des objets pour d’autres objets, un peu de moquette, des marques au sol. Presque rien. Ce que nous avons été.