Le barrage
« Aucun homme, aucune forêt n’a le privilège de l’expression.
L’expression, c’est autant les plis du rire sur la peau d’un visage que le lent refroidissement du magma dans la constitution du granit. Elle n’a pas d’échelle propre. Elle ne témoigne d’aucune subjectivité. Au plus simple, l’expression est la manifestation d’un changement d’état dans l’évènement d’une rencontre. C’est l’émergence d’une saillance dans le passage entre deux états stables de la matière affectée par un élément extérieur.
Le barrage est ce par quoi la rivière vient à s’exprimer. Il coupe son flux et altère la régularité de son écoulement. Il en accumule la puissance. Et la pression incommensurable qui s’exerce contre la falaise d’un barrage, c’est le cri d’une rivière sous les traits de l’immobilité la plus absolue. »
Fabien Giraud et Raphaël Siboni