Incident 2

Opérons une découpe, nécessairement simplificatrice et limitative mais dont l’intérêt est de tenter de cerner la singularité d’Incident. On évitera donc tous les thèmes qu’on retrouve ailleurs, tout ce qui va de soi, tout ce qui est déjà entendu dans l’art numérique, dans l’art contemporain ou dans les technologies numériques. On tentera de se placer dans un entre-deux de l’art, de la technique et de l’existence. Cette découpe, dont les éléments ne sont pas étanches puisque certains travaux pourraient être classés dans plusieurs catégories, vise également a donner corps à l’anthropotechnologie qui est au coeur du projet d’Incident. En effet, il s’agit à chaque fois de voir le caractère indissociable d’un paramètre technique et d’un paramètre esthétique, c’est-à-dire existentiel. Chaque catégorie peut être aisément reliée à une tradition artistique mais aussi à une problématique sociale qui touche donc par ricochet l’univers du design. Nous avons souhaité limiter le nombre de ces catégories afin d’amener une certaine clarté de lecture.

Nos existences en réseau
Le moteur d’Incident est le réseau qui est devenu au fil du temps un biotope de travail. La naissance d’Incident est contemporaine de celle d’Internet et suit ses évolutions. Mais au-delà des innovations techniques, l’approche d’Incident fut principalement existentielle. L’intuition fut, dès l’origine, que le réseau affectait en profondeur nos existences les plus intimes. De sorte qu’il est devenu aussi bien un support de diffusion, un médium artistique, qu’une méthodologie.

Des histoires sans fin
Un second élément qui semble essentiel dans Incident est l’intérêt porté par chacun à la fiction. Différentes approches eurent cours des plus labyrinthiques aux plus brèves, mais l’un des points communs est sans doute l’infinitude de ces fictions et une certaine déconstruction de la narration (c’est-à-dire de la figure d’autorité du narrateur).

Nos bases de données
Les bases de données sont apparues non comme de simple techniques mais là encore comme affectant de plein fouet nos existences. Les listes, les index, les accumulations sont l’un des ressorts d’Incident. S’inscrivant dans une tradition artistique de l’atlas et de l’encyclopédie, nous avons tentés de comprendre les conséquences de la généralisation de ce modèle de catégorisation dans la vie quotidienne.

A l’image du texte
La présence du texte est frappante sur le site. Sans doute est-ce lié au fait de l’importance de la textualité dans l’ensemble des processus informatiques. Quoiqu’il en soit, le texte est un matériau qui est utilisé par chacun dans les expérimentations artistiques soit forme de slogans, de romans fragmentés ou d’instructions informatiques. Ce rapport au texte diffère de l’attrait pour le code art.

Des traductions
Il faut entendre la traduction en un double sens: traduction au sens informatique comme passage asémantique de données à d’autres données et la traduction au sens de la tentative (impossible) de préserver la signification dans le passage d’une langue à une autre. La tension inapaisée entre ces deux traductions est au coeur de nombreux travaux. Comment traduire quelque chose en autre chose? Et si cette traduction est purement formelle, reste-t-il des traces de l’origine? Quelle est cette ressemblance qui traverse l’ensemble des processus machiniques?