Ontologie de l’image variable
L’image cinématographique envisage l’existence comme un destin. Le défilement est toujours le même, même s’il peut être interprété de façon différente par chacun.Le flux de la projection est une machine qui ne s’arrête pas et qui aliène le flux de la conscience.
Si l’image programmée ne comprend pas l’existence comme un pur chaos, c’est qu’il y a bien un ordre, le programme, mais celui-ci ne ferme pas la contingence. De sorte que l’image programmée articule la nécessité et la contingence sur deux plans différents qui se juxtaposent. Cette articulation je la nomme variabilité. La variation est l’effet esthétique provoqué par la variabilité : la perception de la perception comprend que l’ordre n’est pas fixé une bonne fois pour toute et quand on reverra l’oeuvre on verra autre chose, qui ressemblera peut être à la fois précédente, il y a un programme, mais qui ne sera pas objectivement identique dans la suite des médias. Elle comprend donc l’existence comme variation, existence qui peut se répéter mais qui à chaque fois sera différente, tout en se ressemblant. La variable proprement dite est l’opération logique sous-jacente qui permet la variabilité sous la forme n+1. La variable est le fondement de la programmation. Ainsi l’existence et le monde sont programmés et ordonnés mais ils restent contingents en l’absence radicale d’une finalité de la programmation. Il faut comprendre comment la mathématique, qui semble être une entreprise de contrôle et de nécessité, peut être à la base d’une certaine contingence et comment celle-ci implique une redéfinition profonde des existentiaux.
L’image programmée porte une ontologie et une anthropologie. Elle nous place face à une certaine conception du monde et de l’être humain qui diffère et approfondit les conceptions antérieures.