Double Glove VII

Série d’images générées par intelligence artificielle
Impression pigmentaire sur papier baryté
100 × 70 cm (chaque)
Collection de l’artiste

Cette série d’images générées par intelligence artificielle explore la relation entre le corps humain et la matière minérale à travers le motif de la main recouverte ou transformée par l’argile. La main, instrument premier de la création artistique et symbole d’humanité, subit ici une métamorphose qui l’assimile à la terre. L’utilisation de l’IA pour représenter la main – paradoxalement organe du faire manuel – instaure une tension conceptuelle au cœur du dispositif.

Le processus documenté évoque simultanément plusieurs temporalités : celle, immédiate, du geste créateur qui façonne la matière; celle, plus lente, de la fossilisation qui transforme l’organique en minéral. Cette temporalité multiple fait écho aux préoccupations récurrentes de l’artiste concernant l’extinction et la trace.

L’œuvre s’inscrit dans une réflexion sur l’Anthropocène, ère géologique où l’empreinte humaine modifie irréversiblement la planète. La main recouverte de matière évoque tant les débuts de l’humanité et ses premières traces créatrices que sa possible disparition et son retour à la terre.

Ces images, dans leur sobriété formelle et leur tension dramatique, s’inscrivent dans un dialogue avec la tradition philosophique qui interroge le statut de la main et du travail manuel. De la critique d’Horkheimer sur l’instrumentalisation technique à l’approche phénoménologique de Heidegger sur la main comme lieu du dévoilement de l’être, jusqu’à la déconstruction derridienne de la métaphysique de la présence à travers le toucher, l’œuvre réactive ces questionnements à l’ère de l’automatisation algorithmique. Elle suggère une continuité matérielle paradoxale entre l’humain et le non-humain, le vivant et le minéral, le manuel et le computationnel.