Corrélation philosophique et autoréférencialité artistique
N’y-a-t-il pas un rapport entre le corrélationisme kantien et l’autoréférencialité en art ? De la même manière qu’on ressent une certaine lassitude face à des théories qui ne cessent de se retourner sur leurs propres conditions de possibilités et sur leur propre herméneutique, on ressent aussi un écoeurement face à une certaine production artistique contemporaine qui ne cesse de tourner autour du monde de l’art, des conditions de monstration, de l’histoire de l’art (comme si celle-ci était déjà constituée).
Il y a dans ces démarches quelque chose de très institutionnelle et de très scolaire, quelque chose qui s’adresse à des individus ayant le sentiment d’appartenir à un monde de spécialistes, et finalement qui parle du monde et au monde des commissaires, c’est-à-dire à ceux qui détiennent, fut-ce fantasmatiquement, le pouvoir. Sans doute faut-il distinguer dans le procès de l’autoréférentialité des éléments essentiels mettant en relation la forme et la matière, mais il est aussi devenu au fil des ans un lien commun, de la même manière que le cercle interprétatif peut être la source d’intensités tout autant que constituer une habitude qui a perdu la puissance du surgissement.
Si on ne saurait occulter l’intérêt des théories de la corrélation et des esthétiques de l’autoréférentialité, on aimerait ouvrir de nouvelles directions, les laisser pour un moment de côté, comme quelque chose qui a peut être fait son temps et qui du fait de cet usage passé a perdu de sa capacité à nous déstabiliser. La perturbation devient un nouvel ordre et c’est pourquoi la proposition d’un nouveau réalisme exogène (le réalisme des machines) est aussi historiquement située.
http://www.bnf.fr/fr/evenements_et_culture/anx_conferences_2012/a.c_121214_40_ans_art_press_2.html
Étrange conceptualisation de l’informe et de l’information… Étrange “tribunal du réel” qui s’opposerait à la précarité du possible, comme si ce dernier n’était que dérivé d’une consistance primordiale.