III

On tentera de rendre indifférent la distinction académique entre la théorie et la pratique.

Les étudiants sont souvent paralysés par une telle distinction parce que celle-ci compose deux mondes qui s’opposent et entre lesquels on leur demande de naviguer. La relation entre les deux est souvent ambigue et implique des structures de domination : commentaire d’un côté et justification de l’autre.

On fera la promotion d’un haut degré d’enseignement technique, estimant que la maîtrise technique est une manière d’aider au passage à l’acte et constitue donc un moyen de libération du désir de l’étudiant. Le savoir artisanal et technique sera valorisé.

On ne séparera pas cet apprentissage de la théorie la plus poussée, en présentant celle-ci comme une pratique parmi d’autres. Cette mise en plat entre la théorie et la pratique sera un moyen de dédramatiser le conflit entre eux et de permettre aux étudiants d’utiliser ce dont ils ont besoin.

Il ne sera jamais demandé aux étudiants de théoriser leurs créations, mais de trouver un discours (dont le silence est une catégorie à part entière) leur convenant.

L’indifférence entre la théorie et la pratique sera rendue possible par l’articulation des deux enseignements dans des horaires rapprochés et dont les thèmes seront coordonnés : comment faire de la pratique une théorie et de la théorie une pratique.

La théorie ne sera pas présentée comme un savoir que les étudiants doivent acquérir, mais comme un des éléments du contexte culturel qu’ils peuvent et doivent sans doute prendre en compte pour faire résonner leurs créations avec leur époque.