Des vestiges
Je filmerais tout ce qui m’entoure comme des vestiges. Les images reviendront bien après notre disparition. Elles appartiennent à ces objets en train de disparaître. Nous les savons déjà disparus. Nous nommons objet ce moment suspendu, très bref d’un usage. Bien avant, les composants terrestres, une poussière accumulée. Bien après, l’effondrement et la rentrée sous terre. Les composants y reviendront. L’usage des objets n’était qu’une élévation hors de la terre, le retrait revient.
Il y a les arbres et les insectes, les oiseaux, les herbes. Ici et là, parfois, une pierre qui aurait pu être faconnée par le genre humain, maintenant disparu. Qui regarde cette pierre? Qui est encore là? L’observateur ne peut voir que dans son sursis. Les images sont un avenir de la pensée : l’aperception de la mort commune, de l’extinction de notre espèce. Nous laisserons derrière nous des traces que personne ne lira.