Le travail caché de l’intelligence artificielle
En travaillant sur l’intelligence artificielle (deep, machine, neural learning, etc.), je me suis rendu compte que derrière son élaboration, il y avait souvent une grande quantité de travail humain. Je ne veux pas seulement parler de la programmation informatique, mais aussi d’un travail moins technique et souvent non rémunéré consistant à qualifier des données grâce à des services tels qu’Amazon Mechanical Turk. En effet, il me semble que l’une des évolutions de l’IA est de se baser sur des données massives pour réaliser de façon statistique la génération. Or ces données sont souvent produites par des êtres humains soient de façon indirecte (comme dans le cas de l’usage de métadonnées venant du Web, des mots-clés et des photographies de Flickr par exemple), soit de façon directe.
Ces dernières années, on a analysé de nouvelles formes de travail non rémunéré propre à la participation au Web 2.0. Quand j’ajoute des mots-clés ou un titre à une photo, j’alimente une base de données qui appartient à des individus qui ont d’importants capitaux en échange d’autoreprésentation (selfdesign). Que cette base de données soit ensuite utilisée pour développer une intelligence statistique permettant de répondre à des comportements humains, constitue une transformation majeure de notre relation au travail. Nous travaillons pour alimenter une machine capable de reproduire nos comportements d’une façon assez proche pour être acceptable et suffisamment différente (ou sensible à un contexte) pour être adaptée et singulière. Cette seconde couche ontique va avec une accélération, et pour ainsi dire une fuite en avant, des sociétés occidentales consuméristes.
Le travail humain est un corps qui se mobilise pour nourrir l’intelligence artificielle.