La quantité sérielle contre la qualité idéale

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Sans doute la question des flux est-elle aussi une question de quantité. La quantité qui a été maintes fois dévalorisée comme le veut le sens commun. La critique des flux a été élaborée par Platon comme critique du changement (devenir) et critique de l’excès. Il s’agissait dans La République de maîtriser ses passions qui, si elles devenaient excessives, pouvaient bien nous déborder, c’est-à-dire se déverser au dehors de façon incontrôlée. La figure symétrique à cet excès est la pauvreté (Pénia), le flux est toujours pris entre le trop et le pas assez. Donc il s’agissait bien là d’une critique de la quantité pour valoriser la substance, ce qui subsiste et qui dépasse donc une simple quantité qui n’est plus considérée que comme accidentelle. En ce sens, la qualité est la partie qui se rapproche de l’idéalité dans quelque chose. Elle en est l’expression, une qualité fait sens.

Sans doute faudrait-il valoriser la quantité en la rapprochant de la mathématique des séries du jardin lucrècien. Quand une quantité entre dans une série (fut-elle différentielle) alors sans devenir une qualité, elle se surpasse, elle se dépasse dans le mouvement d’une ligne de fuite sans fin. La série ne trouve pas sa résolution dans la finalité d’un sens (la consistance, la substance) mais dans le devenir de sa sérialisation. Une série ne s’arrête jamais, tout au plus est-elle temporairement suspendue.

Analyser l’oeuvre d’art non plus du point de vue de sa qualité, c’est-à-dire de sa substance comme expresssion d’une Forme Idéale, mais selon l’ordre de sa qualité en tant que série. Avec quoi cette oeuvre se met-elle en série tant interne (dans la pratique d’un artiste) qu’externe (avec le monde)? La quantité en tant que série a la même fonction qu’un fil: il permet de se brancher sur un réseau qui l’illimite.