Une mort de l’univers
La mort de chaque être humain est la mort de l’univers. En effet, chaque individu a une certaine idée du tout. Cette totalité est indéterminée. On peut bien sûr, au nom de la science, la religion, la philosophie ou toutes autres choses, envisager cette totalité avec un certain contenu conceptuel, mais l’idée indéterminée, et pour ainsi dire sans contenu du tout (à entendre en son double sens), persiste comme une atmosphère ontologique. Dans chacun de nos actes, dans un fragment de vision, dans un sentiment, le bruit du tout gronde.
C’est précisément cette indétermination et cette étrange consistance du tout qui agit sur l’ensemble de nos comportements en arrière-plan, définit non pas une identité entre ce qui est hors de ma tête et ce qui est dans mon crâne, mais une coexistence.
Cette coexistence contingente cesse à la mort de chaque humain.
C’est pourquoi cette mort arrive à la totalité plutôt qu’à une personne.
The death of each human being is the death of the universe. Indeed, each individual has a certain idea of the whole. This totality is indeterminate. One can of course, in the name of science, religion, philosophy or anything else, consider this totality with a certain conceptual content, but the indeterminate idea, and so to speak without content of the whole, persists as an ontological atmosphere. In each of our acts, in a fragment of vision, in a feeling, the noise of the whole rumbles.
It is precisely this indeterminacy and this strange consistency of the whole that acts on the whole of our behaviors in the background, defines not an identity between what is outside my head and what is in my skull, but a coexistence.
This contingent coexistence ceases at the death of each human.
That is why this death happens to the whole rather than the other way around.