Mème: ce qui répète
La notion de mème, terme dérivé à la fois de l’anglais “meme” et du français “même”, désigne un élément culturel reconnaissable qui se propage par imitation et répétition. Qu’il s’agisse d’un concept, d’une habitude, d’une information, d’un phénomène ou d’une attitude, le mème se caractérise par sa capacité à circuler entre les individus, à se répliquer tout en se transformant subtilement.
Cette circulation constitue l’essence même du flux mémetique. Le mème n’existe pas comme entité statique mais comme processus dynamique de transmission et de transformation. Il incarne une situation paradoxale de répétition obsessionnelle qui, simultanément, génère des occasions constantes de différenciation. Chaque réplication d’un mème introduit de légères variations, des adaptations contextuelles, des inflexions singulières qui enrichissent sa signification tout en maintenant son identité reconnaissable.
Cette tension entre identité et différence fait du mème une figure particulièrement révélatrice de notre culture contemporaine. On peut l’envisager comme un personnage conceptuel, une silhouette reconnaissable qui, à travers ses multiples incarnations, se trouve à la fois répétée et différenciée, déclinée et adaptée. Dans ce processus, le mème acquiert une forme d’anonymat paradoxal : sa diffusion massive efface progressivement son origine précise, tout en renforçant sa présence collective.
Le mème illustre parfaitement la dynamique du flux culturel contemporain : à la fois rapide et insistant, éphémère et persistant, identifiable et mutant. Il nous invite à repenser les catégories traditionnelles de création et de réception, d’originalité et de copie, d’auteur et de public. Le mème n’appartient à personne en particulier tout en appartenant potentiellement à tous ceux qui se l’approprient pour le transformer et le transmettre à leur tour.
Le mème constitue une forme emblématique de notre époque numérique, où la circulation des contenus culturels s’accélère tandis que les frontières entre création et réception s’estompent. Il incarne cette logique du flux où la répétition n’est jamais simple reproduction mais toujours occasion de différence, où l’identité se construit précisément dans et par la variation