Marey et la physiologie médicale de la circulation du sang

Est-ce le fait du hasard si Marey, inventeur de la chronophotographie et de la “traîne des événements” (Didi-Huberman Georges, Mannoni Laurent. Mouvements de l’air : Etienne-Jules Marey, photographe des fluides. Editions Gallimard, 2004. ISBN 2070770958.), a porté son attention sur les flux sanguins? Ceux-ci lorsqu’ils sont visualisés, et c’était l’objectif de Marey que de donner une image des battements de coeur, deviennent des découpes. Les flux se transformant en images changent de nature. Ce n’est pas une dégradation des flux, qu’il ne faudrait transformer en une nouvelle immanence pure, c’est un devenir duquel ils sont investis dès leur individuation primordiale, le flux excède son origine pour couler. Ni flux ni découpe, l’image-flux est un effet de “traîne” dans lequel on voit les traces de ce qui précède et de ce qui va advenir. C’est le passage incessant entre la spatialité et la temporalité. L’une ne vient jamais contenir (encapsuler) l’autre.

Il faudrait aussi s’interroger sur l’intérêt de Marey pour les animaux et la façon dont la chronophotographie se lie ainsi à la tradition de l’animal-machine. Se reporter au bel article de 1894 Des mouvements que certains animaux exécutent pour retomber sur leurs pieds, lorsqu’ils sont précipités d’un lieu élevé.