Infiniment infini – HEAD, Genève
Conférence et workshop le 18 et 25 février 2019
A partir d’un projet en cours de développement, Terre Seconde, Grégory Chatonsky abordera les problématiques qui l’animent, la méthodologie en recherche-création ainsi que la relation art-science.
Si les thèmes de l’intelligence artificielle et de l’anthropocène semblent distinctes et appartenir respectivement au champ de la technologie et de la science, on peut aussi les aborder au regard de traditions artistiques et de problématiques esthétiques. Par là, transformées en problématiques de l’imagination artificielle et de l’extinction, elles questionnent les conditions mêmes de notre réflexivité.
De l’idéal esthétique des “belles ruines” jusqu’à Paul Thek en passant par Max Ernst, la destruction pourrait servir de leitmotiv à tout un pan de l’art occidental, tandis que le retour des morts pourrait fort bien définir un certain destin des pratiques artistiques qui auraient comme objectif de témoigner de ce qui a été et qui donc seraient hantées non seulement par la disparition de leur civilisation et d’elles-mêmes comme condition paradoxale de leur existence.
La prise en compte de ces dimensions d’effondrement qu’elles soient humaines, comme dans le cas de l’extinction, ou cosmiques, transforme la visibilité et l’expérience de ce qu’il a été convenu de nommer le sublime. Nous l’aborderons et le détourneront en distinguant plusieurs théories articulant, du moins potentiellement, l’extinction et la réssurection : le cosmisme de Nikolaï F. Federov, le pessimisme cosmique de Ray Brassier, le matérialisme anonyme d’Eugeune Thacker, l’épigenèse et la plasticité de Catherine Malabou. Deux figures se détacheront dialectiquement : la réssurection des esprits dans le transhumanisme de Ray Kurzweil et la réssurection des corps dans la contingence absolue de Quentin Meillassoux.
Grégory Chatonsky a fait des études de philosophie à la Sorbonne et de multimédia aux Beaux-Arts de Paris. Il a été enseignant invité au Fresnoy et à l’Université du Québec à Montréal. Il travaille depuis 1994 autour de la question des technologies et en particulier d’Internet.
Actuellement artiste-chercheur à l’Ecole Normale Supérieure à Paris, il s’occupe avec Béatrice Joyeux Prunel d’un séminaire de recherche sur l’imagination artificielle et d’un colloque sur la relation entre l’anthropocène, l’extinction et le digital.
Il a exposé de Beaubourg à Tapei, et de Barcelone à New-York ; a été en résidence à la Villa Kujoyama à Kyoto, à Colab à Auckland, à Taluen en Amazonie.
Quelques références
Ccru: Writings 1997-2003. Urbanomic.
Federov, N. (1999) What Was Man Created for? Honeyglen.
Grusin, R. (208). After Extinction, University of Minnesota Press.
Kurzweil, R. (2006). The Singularity Is Near: When Humans Transcend Biology (First Edit). Penguin (Non-Classics).
Lyotard, J.-F. (1988). L’inhumain. Galilée (en particulier Si l’on peut penser sans corps).
Malabou, C. (2014). Avant demain. Épigenèse et rationalité. PUF
Meillassoux, Q. (2006). Après la finitude : Essai sur la nécessité de la contingence. Seuil.
Meillassoux, Q., & Asimov, I. (2013). Métaphysique et fiction des mondes hors-science. Aux forges de Vulcain.
Meillassoux, Q., & Bourgeois, B. (1997). L’inexistence divine (thèse de doctorat non publiée). Paris, France. https://libgen.pw/item/detail/id/783593?id=783593
Negarestani, R. (2008). Cyclonopedia: Complicity with Anonymous Materials (Anomaly). re.press.
Negarestani, R. (2018). Intelligence and Spirit. Urbanomic x Sequence Press.
Parikka, J. (2015). A Geology of Media. University of Minnesota Press
Thacker, E. (2011). In the dust of this planet. Ropley: Zero.