Hyperproduction : les machines à réalisme – UNIGE
03/12/2020
https://www.unige.ch/lettres/humanites-numeriques/index.php?cID=166
L’accumulation hypermnésique des données sur le Web nourrit à présent les réseaux de neurones artificiels. Ceux-ci génèrent à leur des médias ressemblants qui n’existaient pas. Cette automatisation de la ressemblance produit peut être un tournant dans l’histoire des images que nous pourrions désigner comme des images d’images ou des médias de médias et accélère jusqu’à l’étourdissement le déluge médiatique auquel nous sommes confrontés. S’agit-il d’un nouveau réalisme qui prendrait le pas sur le photoréalisme industriel? Quelles sont les conséquences formelles et esthétiques de celui-ci?
Dans le débat entre la croissance et la décroissance, entre la production et l’improduction, auquel l’art est habituellement destiné, je tenterais de défendre une autre voie, celle de l’hyperproduction et d’un accélérationnisme paradoxal signe avant-coureur de notre extinction. Je défendrais aussi l’hypothèse d’une possible sortie de l’art contemporain, c’est-à-dire d’un présent rendu à sa présence, vers un art postcontemporain renouvelant l’articulation entre le passé, présent, futur.
The hypermnesic accumulation of data on the Web is now feeding artificial neural networks. These are now generating resembling media that never existed before. This automation of resemblance may well mark a turning point in the history of images, which we might describe as images of images, or media of media, and accelerates the media deluge we are confronted with to the point of dizziness. Is this a new realism, taking over from industrial photorealism? What are its formal and aesthetic consequences?
In the debate between growth and degrowth, between production and improvisation, to which art is usually destined, I would attempt to defend another path, that of hyperproduction and a paradoxical accelerationism that is the harbinger of our extinction. I would also defend the hypothesis of a possible exit from contemporary art, i.e. from a present returned to its presence, towards a post-contemporary art that renews the articulation between past, present and future.