Revenance
« Une fois dans leur jeunesse, la lumière a lui pour eux, une fois ils ont été voyants et ils ont suivi l’étoile, mais alors sont venus la raison et la moquerie du monde, alors est venu la pusillanimité, alors sont venus les échecs apparents » (Herman Hesse)
Je parcourais Tumblr et j’étais fasciné par ces images nostalgiques parce qu’elles me rappelaient celles que je réalisais avec mon Amstrad CPC 464 puis mon Amiga 2000 entre 1986 et 1990. Mais cette ressemblance était comme décalée, parce que ces images ne reproduisaient pas à l’identique ce qui avait eu lieu, elles réitéraient une certaine odeur de l’époque. Elles était par nature nostalgiques.
Il est difficile d’expliquer le sentiment qui m’a saisit. Il était étrange. Sans doute cela me faisait-il penser à la structure du revival en musique: les années 50 et les cats, les mods sixties et ceux 80, etc. C’est une histoire moins anecdotique qu’il ne pourrait sembler que cette réitération qui transforme son point de référence et qui parvient à en saisir le Zeitgeist.
Cette génération post-digitale (même si le terme est problématique) fait revenir une époque que nous avons vécu. Elle transforme cette période en un fantôme et réinvente un temps qui n’a jamais eu lieu, une histoire alternative. Cette esthétique obsolète est disnovative. Elle me replonge brutalement dans une esthétique que j’avais un peu oublié quand je passais des heures seul dans ma chambre à essayer de faire une image sur une machine. Cette esthétique n’est pas seulement tournée vers le passé, elle détourne le passé de lui-même et le réinvente, provoquant un étrange sentiment pour ceux qui l’ont vécu comme moi. Je ne peux m’empêcher de penser à ceux qui sont nés dans les années 90 ou 2000 et qui vivent tout cela comme une première fois. Lorsque j’ai dessiné la première fois sur ordinateur, ceci devait être en 1984, cette même émotion m’a-t-elle sans doute emporté, et cette émotion qui répète et différencie est-elle l’émotion esthétique elle-même.