Avant Internet
Je regarde ces centaines images (http://www.nycsubway.org/articles/slideshow_80s.html) et je me souviens que je devais être précisément en 1986 à Manhattan. Je me souviens des rues et des visages, je me souviens des vêtements et des magasins, du vent et du soleil, de Coney Island et de Little Odessa. Je me souviens que je voyais plein de choses que je n’avais jamais vu ailleurs.
Le temps qui passe ce sont les images qui vieillissent et qui ne ressemblent pas à celles du présent. Ce sont ces images qui produisent des césures dans le flux de nos existences et qui témoignent que quelque chose est passée. Je feuillette un carnet dans lequel j’ai retrouvé par hasard quelques photographies de festivals à Gent, de fanzines et de pochoirs. Je vois mes amis de l’époque. Notre manière de nous habiller, cette vie que nous menions.
C’était avant Internet. J’essaye donc de me souvenir ce que c’était le sentiment d’être au monde avant. Je n’y arrive pas. J’essaye d’imaginer un monde sans Internet, sans la possibilité de se connecter. J’essaye de remonter le fil de ma mémoire et m’imaginer ce que cela voulait dire vivre sans le réseau, sans ces images, sans tous ces messages et ces informations. Comment je faisais? Comment je faisais pour vivre? Que sommes-nous devenus? Cela a donc touché le monde, totalement, la manière dont il circule d’une place à une autre et dont nous nous orientons dans l’espace et le langage. Ces photos je les consultent sur le réseau, le passé a lieu par lui, il est devenu la condition de la rétention. L’avant Internet était donc là.