La production et l’inscription

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L’histoire des oeuvres d’art pourrait être analysée selon la relation entretenue entre la production et l’inscription. Ce sont là deux composantes fondamentales des oeuvres, dans la mesure où celles-ci sont  le résultat d’une certaine causalité de l’acte (humain, ahumain ou mixte) et produisent une inscription sur une matière déterminée. Il y a la genèse de l’oeuvre et sa matérialité.
On sait qu’au cours de l’histoire le rapport entre les deux s’est transformée. La structure historique ne consiste pas seulement à passer du privilège donné à l’inscription stable, puis au processus de production, parce qu’au fil du temps la relation entre eux a toujours été ambivalente. Il faut également laisser de côté les théories selon lesquelles l’oeuvre deviendrait immatérielle. L’immatérialité étant un concept inutile. On peut remarquer dans l’art classique que si l’inscription gardait des traces de la puissance du processus par exemple grâce à sa relation privilégiée à l’idée (Hegel), la modernité a consisté à remettre en cause la stabilité de l’inscription pour questionner la stabilité et l’éternité de l’idée. C’est pourquoi la modernité a intégré à l’oeuvre des accidents externes et des actes contingents et involontaires.
L’art numérique constitue sans doute une transformation majeure de la relation entre la production et l’inscription du fait des caractéristiques de l’inscription numérique qui remet en cause le partage entre les deux. L’inscription peut elle-même devenir une production continue, comme dans le cas de la génération informatique. Sans doute n’avons-nous pas tiré toutes les conséquences historiques de cette modification matérielle.