La désertion

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Nous avions dispersés nos dernières énergies jusqu’au point ou il n’y avait plus rien eu. Nous n’avions pas de solution de rechange, pas d’alternative, nul autre endroit ou aller. Nous avions continués ainsi jusqu’à la dernière extrêmité. Il y avait eu bien sûr quelques discussions et des réglementations, des congrès et des décisions de toutes les sortes, mais personne n’y croyait. Les pronostics sonnaient simplement comme des mots dénués d’articulation. On y croyait pas même si on ne mettait pas en cause leur validité. Tout se passait comme si nous étions hors du langage. On avait continué nos mouvements mécaniquement sans y penser, sans y associer une quelconque distance. Maintenant, non seulement les phénomènes ne reviendraient jamais à la normale, mais ils étaient devenus définitivement invivables. Nous allions disparaître et la terre serait à nouveau vierge de notre présence. Nos ossements seraient engloutis dans les minéraux et dans quelques millions d’années on observera ces restes rocheux comme une époque passée de cette planète. Ceux qui restaient ne pouvaient plus rien faire, simplement observer leur lente disparition, la désagrégation de l’espèce. Sans doute le dernier l’ignorera-t-il, espérant une autre présence ignorée par lui. Il disparaîtra en l’absence de semblable, sans savoir qu’avec lui chacun d’entre nous disparaîtra.