L’avenir d’une structure sans dehors

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Une structure intégrant d’avance toute chose puisqu’étant sans intérieur, limitant donc jusqu’à l’existence de ce qui est en dehors d’elle, intégrant non pas par aliénation de l’autre mais par illimitation, cette structure donc est en train de devenir autre qu’elle-même.

Dans quelques années, dans quelques siècles, en un temps à venir encore indéterminé, sans doute souriront-ils de nous, de nos naïvetés et de nos lâchetés, de nos explications complexes pour comprendre comment le capitalisme pouvait ne laisser aucune place, aucune extériorité, aucune résistance, comment nous nous étions défiés de la dialectique. Ils verront ces explications comme des justifications d’un état de fait, comme le murmure de ceux qui subissent et qui n’ont plus que la parole, que la pensée pour faire face. Sans doute penserons-ils que nos constructions étaient simplistes (malgré nos apparentes subtilités) et occultaient une immense partie du monde, combien de facteurs, pourtant évidents, nous avions laissé de côté.

Rien ne semblait pouvoir déborder le capitalisme, pas même le débordement qui était d’avance intégré, non parce que l’identité du débordement était domptée, mais parce que ce qui l’intégrait était sans identité, le rentable même n’était pas sa seule affaire, la structure était fluide, sinueuse, prenant la forme de ce qu’elle formait à son tour, le creux d’une main accueillant, serrant, l’étreinte de l’hylémorphisme.

Dans ce temps indéterminé, quand tout ceci sera du passé, d’autres évidences, d’autres totalités apparaîtront avec la même vérité que nos totalités. Il faudra alors encore penser l’avenir de la disparition. Il faudra encore penser leur absence qui sera la nôtre, sans plus jamais nous appartenir.